Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/152

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— S’il vous fâche de l’entendre, Francisca, vous devriez donc essayer de me le faire oublier.

— Après ?

— Après, je cherchai le motif qui t’avait portée à m’accepter pour époux ; ce n’était pas la crainte, l’obéissance, on t’avait laissée libre de ton choix. Je me demandai si c’était par vengeance, par inquiétude de ton avenir, que tu t’étais donnée à moi. Je t’étudiai de nouveau ; ta froideur me parut être l’effet de l’ennui de ta situation présente et des regrets de ton existence passée. Il me sembla que ton cœur, si je puis me servir de cette expression, tournait le dos à la France et regardait vers l’Espagne, non pour retrouver seulement en elle la terre natale, le sol où s’imprimèrent tes premiers pas, l’air qui fut aspiré dans ton premier soupir, le ciel qui fut salué de ton premier regard, la patrie enfin, mais pour revoir aussi, pour placer sur le premier plan de ce tableau tracé par ta mémoire, un être dont le souvenir ai-