Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/154

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Le soir vint, le bruit et la foule m’étourdirent. J’aurais voulu être seul, ne rien entendre, me cacher la tête dans les mains et pleurer ; il me fallut prendre sur moi, rassembler toutes mes forces pour jouer tant bien que mal mon rôle de maître de maison. Te le dirai-je ? moi, fier de toi, orgueilleux du moindre triomphe que tu peux remporter ; moi qui t’avais parée comme on pare une idole, pour éblouir, pour fasciner les yeux de la foule à genoux devant elle ; eh bien ! en te voyant l’objet de l’admiration, en entendant les éloges prodigués à ta beauté comme à ta parure, je me sentais contrarié, mécontent. Chaque louange qu’on te donnait me retentissait péniblement à la pensée. L’éloge qui m’était le plus insupportable, était celui que l’on faisait de tes yeux, tes yeux si beaux, si expressifs, si pétillans dame, si menteurs en me parlant. Oh ! si j’avais pu dire à tous ceux qui les admiraient : Taisez-vous donc ! Mais, contraint à les entendre, je me mis à contempler aussi,