Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/159

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dans l’esprit de mon pays, ayant vu le monde et passé dix-neuf ans aux lieux de ma naissance, malgré tout cela, je ne suis pas Espagnole, c’est-à-dire dans le sens que vous l’entendez. Si mon visage est catalan, il me serait bien difficile de vous dire de quel endroit est mon cœur. Ce qu’il y a de certain, c’est que la nature ne l’a pas fait comme celui de mes compatriotes. A-t-il l’exaltation de moins ou la raison de plus ? c’est ce que je ne déciderai pas. Je n’ai pas attendu jusqu’à ce jour pour découvrir cette différence de caractère. Il y a long-temps, mon ami, que je m’en suis aperçue ; dès l’instant où j’ai pu penser par moi, j’ai senti que je ne pensais pas comme les autres ; plus tard, quand je me suis vue forcée par la situation de mon oncle de me heurter à la société, j’ai écouté le bruit, j’ai regardé l’éclat du monde, et ni mes oreilles ni mes yeux n’ont fait parvenir la séduction à mon cœur ; être à part, je m’isolais dans moi. S’il existe des personnes dont le corps échappe à l’influence de toute