Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/160

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contagion pestilentielle, il faut qu’il en soit de même à l’égard de certaines âmes.

Vivant sous un ciel enfiévré de passions, moi, je n’ai respiré qu’un air tiède et calme. Cependant, ne croyez pas, mon ami, qu’aucune affection ne puisse trouver place dans mon cœur ; les sentimens y pénètrent peut-être avec moins de bruit, mais ils s’y établissent avec plus de solidité que dans beaucoup d’autres. À la vérité, ils ne produisent pas dans moi de ces secousses violentes qui agitent et brisent même quelquefois les ressorts de la vie. Je ne crois pas qu’il me soit possible d’éprouver le bonheur jusqu’au délire, ni le malheur jusqu’au désespoir. Je n’use pas ce que j’éprouve à le dépenser en démonstrations, et je ressens peut-être avec autant de force que vous, Arthur, j’aime moins que vous si vous voulez, mais j’aime mieux, car j’aime en amitié comme en amour d’un sentiment tout simple réduit à lui-même ; je ne l’orne pas d’illusions, je ne le colore pas d’un reflet de prisme, aussi