Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/16

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mon visage pour paraître devant maman ; il le fallait !… — Tu as été bien long-temps à la caisse, mon Élisa, me dit-elle dès qu’elle m’aperçut ; je craignais ne plus te revoir ; mais Dieu n’a pas permis que j’eusse la douleur de mourir sans embrasser ma fille. Vois comme le mal a fait des progrès depuis que tu m’as quittée… Elle avait une fièvre, non, jamais je n’en vis de semblable. Ses joues étaient pourpres et gonflées, ses yeux brillaient d’un éclat qui m’effraya… Et lorsque je l’embrassai, il me sembla que je posais mes lèvres sur des charbons ardens. Je ne sais, monsieur, si vous pourrez vous faire l’idée de mes angoisses ; je ne connais point d’expressions qui puissent vous les rendre ; mais je sais, moi, que je mourus de mille morts, lorsque maman me dit : — Elisa, Dieu est le maître, ma fille ; il peut me conserver la vie !… mais s’il en ordonnait autrement, promets-moi de ne point t’abandonner à ton désespoir !… de vivre !… Tu as été si bonne pour ta mère, ma chère petite, que cette pensée te sera