Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/161

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la raison et le temps ne peuvent rien lui ravir ; et, voyez-vous, vous serez long-temps aimé, car je vous aime, Arthur.

— Tu m’aimes !

— Oui, quelque injuste que vous soyez maintenant, quelques torts que vous puissiez avoir envers moi dans la suite.

— Je ne sais si je dois me plaindre ou me réjouir de cette disposition d’esprit. Étrangère comme je vous l’ai dit sur le sol natal et au milieu de mes concitoyens, il m’était impossible, je le sentais, de sympathiser avec eux ; ma tranquillité n’allait pas à leur enthousiasme. Aussi dans mon rêve d’avenir, je me créais une patrie d’avenir sous un autre ciel, je plaçais ma vie auprès d’une existence paisible comme elle, je les enfermais toutes deux dans une étroite réalité, à l’écart du monde ou l’approchant sans se lier. Sans les vapeurs de sa lourde atmosphère et la mélancolie de ses habitans, j’aurais choisi la !… Oh ! c’était elle qui me souriait, le pays où je dé-