Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/178

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s’approchèrent du feu ; Arthur, un coude sur le marbre de la cheminée, une main sur la poitrine ; Roger, s’appuyant les deux bras sur le dossier d’une chaise, posée en équilibre comme pour s’y agenouiller… L’un parla, l’autre écouta ; tous deux long-temps.

Car lorsqu’une puissante commotion se fait sentir à l’âme, que la secousse qui l’agite soit l’effet de la peine ou celui du bonheur, quand on peut librement raconter ce qu’on éprouve, lorsque l’auditeur que vous avez choisi ou accepté pour vous entendre témoigne de sa docile attention par un silence dont la durée se mesure sur celle de votre récit et qu’entrecoupent seulement, comme de faibles pauses, certaines exclamations d’usage ah !… vraiment !… qui l’aurait cru ?… Après ! etc., etc. Quand, dis-je, on vous écoute ou qu’on paraît vous écouter ainsi, combien les images se pressent à la pensée, les paroles viennent vite aux lèvres. Dans ce cas-là, la joie et la souffrance babillent également et ne peuvent se taire