Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/187

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vous plaît de l’être ; car ce n’est pas le sort qui vous boude, mais c’est vous qui lui faites la moue.

— Je vous remercie de m’apprendre qu’il ne tient qu’à moi de faire connaissance avec le bonheur, c’est une découverte que je n’eusse pas faite à moi seul, et s’il me prend envie de voir un peu comme il s’annonce…

— C’est tout justement l’envie qui ne vous prendra pas. Et tout calculé, je pense que vous ferez aussi bien de le laisser où il est ; car je ne vois guère de communauté possible entre vous deux.

— Et pourquoi, s’il vous plaît ?

— Pourquoi ? C’est que le malheur vous est devenu nécessaire ; vous l’avez rendu inhérent à votre nature, c’est quelque chose d’indispensable à votre existence, un aliment intellectuel dont vous ne pouvez plus vous passer ; aussi, crainte d’en manquer, vous en faites provision, et s’il vous en fallait subir une disette, je vous regarderais en danger d’inanition sentimentale, d’étisie