Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/195

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habile négociateur, une juste balance entre les avances et le remboursement ; tâchez de ne risquer que le moins possible, dans la crainte de perdre. Mettez votre cœur de côté, ne vous servez que de votre tête comme du meilleur, du seul fonds qu’on puisse avantageusement exploiter aujourd’hui. La société ne prend plus d’actions sur les âmes ; gardez la vôtre en magasin comme on fait d’une marchandise qui ne trouve pas de chalans. Élargissez la superficie de vos émotions, mais diminuez-en la profondeur. Tant que la fortune aura biens et plaisirs à vous jeter en passant, prenez toujours, c’est une folie que de refuser ce qu’elle offre ; il faut en accepter jusqu’au plus petit brimborion de jouissances ; il faut rire avec la vie tant qu’elle est joyeuse, et lorsqu’elle devient chagrine… Vous ne m’écoutez pas, je crois : et ma leçon…

— Mon esprit la comprend, mais mon cœur…

— Eh bien ! tant pis pour votre cœur ; ce