Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/203

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Madame de Kersanec détestait en masse la classe roturière. Manans et bourgeois étaient regardés par elle comme une secte à part, une caste de parias. Mais il était un point exceptionnel, un avantage qui, possédé par un villain, le rendait à ses yeux presque l’égal d’un seigneur, et polissait d’un vernis de noblesse et d’éclat une obscure et basse extraction. C’était la beauté, doux et puissant privilège, qu’en vain l’art voudrait accorder ; présent qu’on reçoit de la seule nature, niveau qu’elle passe sur l’inégalité, levier souvent plus fort que le génie ou la gloire. La fierté patricienne de la noble comtesse disparaissait devant un beau visage plébéien et lui rendait un involontaire hommage d’admiration. Beaux traits, belle âme ! pensait-elle. C’était sa conviction, sa manie, sa faiblesse.

Le premier regard qu’elle jeta sur son enfant fut pour elle une concession pénible ; mais en examinant la tête d’ange de la petite Ambroisine, en calculant toutes les chances