Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/226

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amour ? Parlez ! votre silence me fait bien malheureux !

Les yeux de Roger étaient humides ; il y a une grande et magique éloquence dans des pleurs amoureux. Ambroisine, délicieusement émue, prit une des mains de son bien-aimé, la porta à ses lèvres, y déposa un baiser de repentir, et dit :

— Ne m’accusez pas, mon Roger, ne me gâtez pas, par vos reproches, le plaisir de la surprise que je veux vous faire. Laissez-moi garder mon secret quelques jours encore. C’est le dernier que j’aurai, je vous promets, foi d’amie, vraie et fidèle, de ne plus rien vous cacher… Curieux que vous êtes, savez-vous que vous êtes pire qu’une femme ! Allons, il boude encore. Mais rassurez-vous donc, persuadez-vous bien que ma résolution de lier ma vie à la vôtre est réelle, inébranlable ; qu’elle a été prise par mon cœur, par ce cœur tout à vous. Non, ce n’est point une résolution due au caprice et frivole comme lui. Et si l’un de nous deux doit