Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/239

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pli, et qui jusqu’à la réussite ne valait rien du tout à vous être dit ? M’en voulez-vous encore, mon beau chevalier ?

— Je n’ai guère en cet instant la force de vous en vouloir, mon adorée. Vous me faites pour cela trop heureux en m’arrachant du cœur la crainte empoisonnée qui l’ulcérait en silence, car je ne vous ai pas dit tout ce que j’ai souffert ; c’était horrible ! Si vous le saviez, si vous connaissiez le supplice continu auquel vous avez livré mon âme !

— Ne vous en souvenez plus que le temps de me le raconter, et puis oubliez-le pour toujours, ce tourment dont je suis la cause innocente ; car vous ne soupçonnez pas que je me plaise à donner la question à votre cœur. Voyons, mon ami, que pensiez-vous donc ?

— Je comparais ma destinée à celle de mon Ambroisine ; je trouvais nos deux places dans le monde, marquées si loin l’une de l’autre, qu’il m’était bien permis de craindre que l’amour fût impuissant à les rappro-