Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/240

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cher. Vous, ma femme ! vous, ma compagne pour la vie ! Pouvais-je croire mériter qu’il me vint autant de bonheur ! Je me rappelais en vain, pour me rassurer de mon doute, cette enivrante réponse que vous me fîtes, lorsque je vous disais, que si le ciel m’eût fait prince ou roi, ce n’aurait été qu’à vos pieds que j’aurais voulu enchaîner ma grandeur et ma liberté. Si vous étiez prince, m’aviez-vous demandé de votre douce et ravissante voix, m’aimeriez-vous plus que vous ne m’aimez ? Le pourrais-je, m’étais-je écrié, quand vous avez comblé pour moi la mesure d’amour que peut contenir un cœur d’homme ? Eh bien ! aviez-vous répondu, puisque vous ne m’aimeriez pas davantage, à quoi vous servirait d’être prince pour me plaire ? Et vous m’aviez tendu la main en ajoutant : Elle est à vous, mon Roger, soyez mon guide, mon appui, mon époux. Ces paroles enchanteresses, ces mots talismaniques, d’amoureuse magie me résonnaient en vain sans cesse à l’âme ; j’avais beau les