Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/247

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après ce qui vous manque, ce que vous embellissez par la magie du désir ; vous qui vous dites dans vos souhaits et dans vos plaintes : ôh ! si j’aimais ! si l’on m’aimait ! répondez : n’est-ce pas qu’Ambroisine est bien heureuse ! que si vous aviez la même somme de félicité qu’elle, le sort n’aurait plus rien à vous donner, car vous aimeriez et l’on vous aimerait ?

Vous croyez donc qu’on l’aime, quand épousant Roger, la marquise achète, du moins cette fois avec sa fortune, une provision de bonheur pour toute sa vie ? Eh bien ! laissez son existence s’alourdir de deux mois seulement, et fouillez dans son âme ; cherchez, recherchez dans tous les coins, si vous y trouvez le plus petit vestige de bonheur, vous serez plus habile qu’elle, car elle ne trouve plus rien.

Pauvre Ambroisine ! ce n’est pourtant pas la mort qui te l’a pris ton bonheur ; l’absence ne t’en a rien ôté, car il est là, tu le vois ; tu l’entends encore te répéter je t’aime, et