Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/248

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ces mêmes mots, que tu écoutais naguère avec délire, que tu recueillais dans ta mémoire comme une phrase sacrée et céleste ! tu les entends résonner comme des paroles de réprobation, tu les écoutes avec stupeur, avec effroi… D’où vient donc, hélas ! ce qui les rendait si doux à ton oreille, à ton souvenir ? c’était d’y croire, et tu n’y crois plus ! Ta foi morte, ton dieu d’amour s’est évanoui comme un rêve. Illusion ! pourquoi t’en vas-tu emportant le bonheur avec toi ?

Elle n’y croit plus, mais qui l’a détrompée ? Comment a-t-elle su que celui qu’elle idolâtrait, qu’elle divinisait dans son culte, qu’elle voyait à ses genoux, comme un sujet soumis aux pieds de sa souveraine, qui paraissait ne penser que par elle, ne voir que par ses yeux, n’éprouver que par ses sensations, dont l’existence tenait à son amour et qui devait mourir s’il n’était plus aimé… comment a-t-elle appris que cet homme, acteur et non personnage dans ce beau drame sentimental, se revêtait d’amour