Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/252

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ce cri de vengeance, je vous déteste, pouvait être vrai ! Mais hélas ! qu’il faut de temps et d’efforts pour faire une vérité de ce douloureux mensonge ! Quel tourment de ne pouvoir l’exercer sur celui qu’on méprise ! Que la haine serait douce alors ! mais comme l’esclave impatient de liberté qui ne peut briser le joug de son tyran, l’âme reste long-temps attachée à l’amour.

Tant que madame de Fermont n’eut pas revu Roger, ce ne fut rien encore auprès de ce qu’elle ressentit en l’apercevant. Comment peindre une semblable situation ? impossible, La pensée n’a point d’images pour la rendre.

Ambroisine voulait en vain s’envelopper d’une fausse indifférence, grimacer le dédain ; elle essaya, mais ne put continuer, et sa douleur brisant les digues impuissantes que lui opposait sa fierté de femme outragée se répandit en timides reproches. Le baron qui s’était d’abord aperçu à la froideur de