Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/264

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toi seule as causée, Ambroisine ! Paie-moi ta dette ; dis-moi que tu m’aimes, et non seulement je ne serai plus malheureux, mais je n’aurai jamais encore éprouvé tant de bonheur !

Il avait relevé la tête, ses yeux attachaient sur ceux de la marquise leur regard le plus passionné. Jamais Ambroisine ne l’avait vu plus beau ! jamais la ravissante figure du baron ne s’était empreinte d’une expression plus séduisante, plus magique, que ce mélange de douleur et d’espoir qui l’animait alors ! Si elle avait eu conservé son estime pour lui comme elle avait gardé son amour, grand Dieu ! qu’elle se fût sentie fière de l’aimer, qu’elle eût refusé avec joie, trop certaine de perdre au change d’ôter cet orgueil de son cœur pour donner un diadème à son front ! Mais hélas ! elle le méprisait, et l’amour qu’elle éprouvait pour lui était dans ce moment atroce à ressentir. Quel supplice d’âme, quelle angoisse indicible, que de voir ce visage embelli d’une beauté