Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/266

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— Malheureuse ! quand tu sais que je t’adore, quand ton amour me rend insensé de bonheur.

— Oui, malheureuse, répéta-t-elle ; si l’on pouvait acheter pour son cœur tous les sentimens qu’on voudrait éprouver, je paierais volontiers de ma vie une heure de haine ou d’indifférence pour mourir en te détestant, ou, du moins, en ne t’aimant plus.

— Que veux-tu dire, Ambroisine ? tu ne crois donc pas à mon amour, tu ne sens donc pas que je t’idolâtre ? Quoi ! ma voix, mes regards, mon émotion, ne te sont point des garans de mon cœur ? Que veux-tu que je fasse pour te prouver que je t’aime ? Quelque tâche pénible que tu veuilles m’imposer, si je parviens à te convaincre, qu’elle me sera douce à remplir !… Mais tu m’as promis de rester, n’est-ce pas ?

— Moi, non, je veux partir, je le dois.

— Tu veux me quitter, me faire mourir de ton absence ! Que t’ai-je fait pour m’abandonner ainsi ? car c’est une fuite. Tu ne