Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/275

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combien chaque parole de mépris m’a été cruelle à prononcer ! Toi, l’objet de ma vénération, de mon culte d’amour, je t’ai insultée, je t’ai fait paraître avilie, ma bien-aimée, c’était un horrible effort, je souffrais plus que toi, mais il le fallait.

— Comment cela ?

— Ce matin, en recevant ta lettre, en lisant ce fatal congé, car c’en était un bien formel, j’ai été sur le point de devenir fou. Il m’a fallu long-temps pour ramener ma pensée. J’ai prévu la résistance que tu m’opposerais, et j’ai cherché des armes pour la vaincre. J’en ai trouvé de puissantes, et je suis venu. J’ai réussi à gagner la femme de chambre, qui m’a caché ici et s’est engagée à me faire sortir sans être aperçu du reste de tes gens »

— Dans tout cela, monsieur, vous n’avez agi que pour vous, et je suis dispensée de la reconnaissance.

— Eh quoi ! si je t’eusse laissée partir, n’aurais-tu pas regretté d’avoir fui ? Tu partais