Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/276

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seulement pour te sauver de moi. Le motif, je l’ignore et ne veux pas chercher à le connaître. Mais tu m’aimes, quelque envie que tu puisses avoir de me haïr, tu m’aimes ! Ne me trouvant plus pour tes yeux, ne m’aurais-tu pas toujours cherché du cœur ? Crois-tu que l’absence soit si facile à subir ? En me refusant ta main, ton orgueil inquiet t’aurait peut-être dit de la donner à un autre ; mais à qui ? à quelqu’un que tu aurais haï, parce que tu n’aurais pu l’aimer, car il n’y a de place dans un noble cœur comme le tien que pour un seul objet. Livrée bientôt à de poignans regrets, ta tendresse pour moi n’eût été qu’un moment subjuguée, tu l’aurais sentie revenir plus forte et plus puissante, et tu aurais éternellement souffert des suites douloureuses d’un seul moment d’erreur.

— Vous êtes bien soigneux de mon bonheur, Roger, c’est dommage que vous n’obligiez qu’une ingrate.

— Si tu l’es encore, tu ne peux toujours