Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/28

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toutes au profit de la poésie, et que vous avez dû faire de bien beaux vers…

— Non, monsieur, non ;… autant j’ai souffert comme fille, autant j’ai éprouvé de tourment comme poète ; car c’en est un bien grand que d’être dévorée par une soif de gloire, lorsqu’on sent le cœur prendre à lui seul tout un être sans en rien laisser à la pensée… Et d’ailleurs, que m’eût servi de faire des vers, ils n’eussent pu m’être profitables, puisque tous ceux que j’ai jusqu’à présent donnés aux journaux ne m’ont pas rapporté un seul denier… On ne paie, vous le savez, que la prose…

— Eh bien, mademoiselle, puisque c’est la prose seule qui rapporte, pourquoi n’écririez-vous pas un roman ? Dans ce que vous venez de me raconter, vous avez autant de matériaux qu’il vous en faut ou à peu près du moins ; et d’ailleurs n’avez-vous pas votre imagination…

— Je sais bien, monsieur, que si j’avais