Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/289

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pas entacher de la souillure d’un suicide le noble nom que j’ai reçu de ma famille, celui que m’avait donné mon époux. Je pouvais me précipiter du haut d’une fenêtre élevée. Les eaux de la Villaine pouvaient m’envelopper d’un voile humide, me rouler dans leurs ondes gonflées, me jeter meurtrie sur la grève. Le poison pouvait glisser dans mon sein une mort lente ou rapide, à mon choix ; mais en expirant ainsi, on dirait : Elle est morte par désespoir d’amour. Mais en m’empoisonnant, tous mes gens, soupçonnés du meurtre de leur maîtresse, seraient traînés au tribunal, accusés, et condamnés peut-être comme mes assassins. Non, je ne veux pas à mon ombre un sacrifice d’innocentes victimes. Je mourrai ; mais ma mort ne criera pas vengeance à la justice des hommes ; mais on ne dira pas que j’ai voulu mourir.

« C’est vous-même, Roger, qui, en m’envoyant ce matin pour bouquet des fleurs aux parfums enivrans, m’avez donné la