Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/290

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clef d’une porte par où je puis sortir sans entraîner personne après moi, sans laisser l’opprobre sur le seuil, pour marquer mon passage.

« Telle est ma constitution physique, qu’il m’a toujours été impossible de supporter aucun parfum, surtout celui des fleurs. Aussi n’ai-je jamais eu dans mon appartement que des fleurs artificielles. Celles que vous m’avez envoyées ce matin, placées dans ma chambre à coucher, y resteront toute la nuit, leurs exhalaisons embaumées se répandant autour de moi, chargeront l’air d’esprits mortels. Et demain, quand ma femme de chambre entr’ouvrira les rideaux de mon lit, la vie aura fui de mon sein et l’amour de mon cœur. J’aurai passé d’un sommeil parfumé à celui qui n’a pas de réveil sur la terre. Effrayée de mon silence, de mon immobilité, elle appellera, on viendra, et quand l’arrêt, il n’est plus d’espoir, aura été prononcé, alors on dira : Quelle imprudence !