Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/304

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du caractère de madame de Kersanec, souvenez-vous de son exclusive amitié pour la marquise, de son orgueil, et représentez-vous la situation de son âme en recevant la foudroyante nouvelle de la mort de sa fille. Elle l’eût suivie, si madame de Fermont ne lui eût laissé un devoir sacré à remplir, celui de rassurer son ombre. La marquise avait mis sous l’enveloppe une boucle de ses cheveux ; à la vue de cette relique sur laquelle était tombé son premier regard, la comtesse avait frissonné, et, avant d’avoir lu un seul mot, une voix secrète, une voix terrible, celle du pressentiment, lui avait dit : Ta fille n’est plus.

La lettre d’Ambroisine commençait par cette phrase : Au nom du ciel, si vous n’êtes pas seule, ne lisez pas, ou veillez sur votre cœur ! et finissait par cette recommandation : Ne partez pas aussitôt après avoir reçu cette lettre. Attendez l’avis officiel de ma mort. On sait le temps qu’il faut pour venir de Paris à Rennes. N’arrivez pas un jour trop