Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/305

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tôt ; le monde, par un froid calcul, pourrait peut-être soupçonner… Attendez, je vous en supplie !

C’était le matin, et la comtesse se disposait à sortir, quand on lui remit le paquet qui arrivait de Rennes. Elle était seule heureusement lorsqu’elle l’ouvrit. Libre de pleurer, elle ne pleura pas. C’est qu’une souffrance trop poignante s’arrête au cœur et y reste ; tous les élémens sont alors attirés vers le foyer de l’existence de l’âme. Erreur de le croire insensible, celui qui, frappé de quelque grand coup moral, n’a ni soupir, ni larmes à donner à son infortune ; s’il a les yeux secs, si sa voix est tranquille, c’est qu’il est trop malheureux pour se plaindre, c’est qu’il souffre trop pour pleurer.

La comtesse ne pleura donc pas ; elle appela, demanda son châle et sortit. Elle rencontra dans la rue une personne qui l’arrêta pour lui parler d’affaires ; elle écouta avec autant d’attention, répondit avec autant de calme qu’elle aurait pu le faire avant le triste