Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans mon âme une large place à remplir et que ton amour seul pourrait combler. Mais l’amour, cette première passion de mon cœur est exilé du tien. Voilà quatre ans que je t’aime et lu ne m’aimes pas encore.

— Eh mon Dieu ! mon ami, est-ce que vous croyez que l’amour est l’unique but de l’existence ? Si cela était, avant d’aimer et lorsqu’on n’aime plus, que serait donc la vie ? D’ailleurs, pensez-vous qu’un même sentiment éprouvé par des millions d’êtres ne puisse avoir qu’une seule physionomie ? les passions ne reflètent-elles pas les nuances du caractère de ceux qui les ressentent ?

— Je te devine ; tu veux me persuader que toute émotion doit être paisible chez toi, que ton esprit, toujours tranquille, ne peut regarder le bonheur qu’avec calme et la peine avec résignation. Sans doute, tu n’as pas un moment cessé d’être calme, lorsqu’il nous a fallu passer tout à coup de la splendeur à la médiocrité. Quand l’échelle de la fortune a été retournée pour nous, je t’ai