Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/344

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tage de cette lassitude de soi-même, de cette fatigue d’isolement qui engourdit le cœur et paralyse toute activité morale. C’était avec joie qu’il avait écrit ses premières lettres adressées à madame Dérigny ; car il entrevoyait déjà une solution rapide, et par conséquent un retour prochain. Mais plus tard il en avait été pour lui de ce succès auquel il croyait toucher comme de ces châteaux fantastiques que les magiciens du moyen-âge faisaient soudain apparaître tout illuminés aux regards fascinés d’un chevalier errant égaré, par une nuit sans étoiles, dans la sombre épaisseur d’une forêt. En vain, le pauvre chevalier, victime du malin enchanteur, oubliant, à la vue de ce manoir idéal, les fatigues de son long voyage et l’épuisement de son fidèle palefroi, réveillait du bruit d’une fanfare, aiguillonnait les flancs amaigris de son malheureux coursier… Le château marchait comme lui ; et, par l’effet d’un cruel enchantement, la distance qui se trouvait entre le voyageur et le castel où il espérait