Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/346

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s’écouler avant l’audience du conseiller. Qu’il y a pour tout homme de momens superflus qui l’embarrassent à vivre, sans qu’il puisse souvent s’expliquer d’où vient cette difficulté d’existence ! Arthur, encore indécis sur l’emploi de cette parcelle de temps, avait fait quelques pas dans la rue, lorsque, se trouvant devant une des grilles du Luxembourg, la vue des arbres lui inspira une fantaisie de promenade. Il entra dans le jardin et se dirigea du côté du petit bois.

Le ciel était nuageux, le jour était sombre, il y avait de la mélancolie dans l’air. Dérigny marchait lentement, s’occupant à passer l’examen de la physionomie des promeneurs assez rares dans les allées du bois, car le temps indécis n’invitait pas à la confiance. Arthur rencontrait-il un visage gai, insouciant, des yeux n’ayant d’autre reflet que celui de la lumière, il soupirait d’envie, regrettant de ne pas avoir aussi, lui, un cœur tranquille, une oisive pensée comme l’étaient sans doute le cœur et la pensée de l’être au paisible vi-