Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/348

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Cette personne, dont la mise annonçait la simplicité du bon goût, comme la démarche le laisser-aller du bon ton, pouvait avoir vingt-deux à vingt-trois ans ; elle était grande, mince et légère. Une certaine nonchalance répandue dans tout son maintien donnait à sa taille flexible, à sa tournure distinguée quelque chose de vague, d’idéal, tenant un peu de l’apparition. Elle glissait plutôt qu’elle ne marchait, et, dans ce presque insensible mouvement, chacun de ses pas semblait être une impulsion donnée à ce corps aérien par l’élan d’un soupir. Elle était blonde, très blanche, et son teint n’était animé que ce qu’il fallait indispensablement pour attester qu’il y avait de la vie sous cette frêle et délicate enveloppe. Elle avait le visage ovale, les joues un peu creuses, le menton légèrement avancé, le front haut, le nez droit, les lèvres minces et paraissant accoutumées à une contraction de profonde amertume, de douce et silencieuse tristesse ; ses yeux bleus aux paresseuses paupières, au sentimental