Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/350

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toute entière était absorbée par cette lecture.

Presque certain de ne pas être remarqué, même aperçu, Dérigny s’enhardissait à la contempler ; déjà, pour la septième fois, il venait de passer devant elle lorsqu’une voix claire et sonore, une voix bruyante et connue jeta ces mots non loin de son oreille :

— « Allons donc ! il est fou, est-ce qu’on aime par le temps qui court !… Ah ! ma foi s’il fallait… »

Arthur se retourna vivement.

— « Je ne me trompe pas, se dit-il, c’est Rogner, c’est lui-même. Hé ! dites donc !… »

Mais Roger ou son ombre, ainsi qu’un jeune homme qui l’accompagnait, étaient déjà hors de la portée de la vue de Dérigny.

— « Oui, c’est bien lui, continua-t-il. Éternel railleur du cœur humain, je l’aurais reconnu rien qu’à cette phrase que j’ai surprise. Insouciant Roger ! il se peut que vous n’aimiez pas, mais l’amour existe encore ; il y a aujourd’hui sur la terre la même somme de sentimens qu’autrefois. Vieux comme l’uni-