Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La jeune fille céda vite à la séduction. Roger fut aimable pour elle tant que durèrent les préparatifs des noces, et l’acte qui de son prétendu lui fit un époux, lui sembla un pacte de bonheur passé devant Dieu pour l’éternité. Hélas ! cette erreur si brillante et si douce devait traverser sa vie comme un éclair qui traverse l’espace. Cet aspect de bonheur était présenté à l’âme de la baronne comme la vue des cieux que l’on montre par un raffinement de torture à un prisonnier que l’on sort du cachot ténébreux où il languissait depuis longues années pour l’y rejeter un instant après.

Une fois éloigné des lieux témoins de sa faute, Roger brisa le joug sous lequel les bienséances l’avaient courbé pendant quelques jours. Il eût bientôt fait d’anéantir jusqu’à la dernière entrave ; et, retiré dans une liberté élargie, il ne fut plus que lui-même : joueur, libertin, railleur, acerbe des préjugés les plus sacrés, athée endurci du culte social…