Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/373

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au souvenir de la première. Et, dans chaque émotion de ce sentiment vengeur, la comtesse recevait un coup de poignard à double lame qui blessait à la fois son âme et sa raison. Et cette fragile raison, cette pauvre expérience humaine qui, pour s’en aller de vous, n’attend pas toujours que votre âme vous quitte, se sépara de la pensée de cette femme et s’en alla pour ne plus revenir. Mais en fuyant, loin d’emporter avec elle aucun élément de douleur, elle laissa par sa place vide une étendue plus vaste à la faculté de souffrir, et cloua le désespoir à cette pensée gangrenée qu’elle abandonnait pour toujours.

La mort ne pouvait pas être loin. La veille du jour où elle vint prendre sa proie, Juliette, qu’une affaire importante avait contrainte à sortir un moment, trouva en rentrant chez elle sa mère évanouie, serrant dans ses mains un papier tout froissé par cette pression convulsive. C’était une lettre, que la baronne, aidée de ses domestiques,