Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/374

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parvint, non sans peine, à dégager des doigts qui la retenaient. La comtesse, revenue à elle, ne parut pas chercher l’objet qu’on lui avait pris, et s’endormit bientôt d’un profond sommeil. Madame de Saint-Aire, assise auprès d’elle, voulut prendre, tandis qu’elle reposait, connaissance de la lettre (mystérieuse sans doute) qu’elle lui avait ôtée des mains. Que devint-elle en la lisant ! c’était la lettre d’adieux de la marquise.

Après tout ce qu’elle avait fait pour anéantir la fatale correspondance d’Ambroisine, madame de Kersanec aurait dû nécessairement joindre cette lettre aux amoureuses épîtres que la flamme avait dévorées. Mais, domptée par un pouvoir inexplicable, par un invincible sentiment de superstition erronée, jamais, quelque nombre de fois qu’elle l’eût tenté, elle n’avait pu détruire ce monument irrécusable du suicide de madame de Fermont, Souvent, pour se justifier à ses propres yeux, elle faisait en secret lecture de ce funeste papier.