Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/375

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C’est sa prière de mourante, se disait-elle, c’est du bord de la tombe qu’elle me l’a adressée. Sacré pour moi, j’ai dû exaucer le dernier de ses vœux ; oui, je l’ai dû ! Et, soulagée un moment, elle reployait la lettre en répétant dans sa pensée ces mots justificateurs : Je l’ai dû !

Quelle atroce révélation pour Juliette, que celle d’un pareil secret ! Quoi ! c’était à l’homme qui avait causé la mort de sa sœur qu’elle était unie pour jamais. Le monstre ! et depuis quelques mois elle portait dans son sein un enfant à lui. Oh ! combien elle sut gré à son cœur d’avoir, sinon par la haine, du moins par le mépris, remplacé l’amour qu’il avait éprouvé ! Ma pauvre sœur ! Ah l grâce à Dieu, s’écria-t-elle ! je ne l’aime plus le malheureux. Réfléchissant ensuite à la précipitation de son mariage, il lui fut facile d’en deviner le mystérieux motif. Et, comme si le sort eût été jaloux de lui laisser la moindre erreur consolatrice, le lendemain de ce jour préjudiciable à toute sa vie, on