Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/433

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brisable faisceau ; mais, pour chaque seigneur féodal, la patrie ne s’étendait pas d’un pouce au-delà des limites de son fief. C’est le peuple qui constitue la patrie, comme les enfans établissent la paternité, et la France n’avait pas de peuple ; car le mot peuple, dans sa véritable signification, n’exprime pas seulement l’ensemble numérique des êtres nés sous un même sol et soumis à une même domination ; un peuple est la postérité d’une nation, et les liens de parenté qui unissent les innombrables membres de cette immense famille se fondent moins sur la fraternité territoriale que sur les rapports d’intérêt, de plaisirs, de devoirs et de droits.

C’était en vain que le titre de Leudes, que portaient les descendans des premiers Francs qui s’étaient établis dans les Gaules et s’étaient partagé la terre conquise, voulait dire compatriotes égaux ; si, de l’égalité de leurs privilèges, naissait l’égalité de la tyrannie qu’ils exerçaient à l’égard de leurs vassaux, de cette communauté de despotisme naissait pareil-