Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/452

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monter cette tentative d’insurrection. Un cheval fougueux, le mors aux dents, la selle vide et la bride flottante, prompt comme l’éclair, avait passé près d’eux et causé l’effroi de la mule épouvantée de cette bondissante apparition.

Monture et cavalier avaient conclu la paix et cheminaient tranquillement ensemble, lorsqu’au bout de quelques minutes, l’ombrageuse bête s’arrêta de nouveau, renâcla et témoigna, par son piaffement énergique, que la terreur l’empêchait d’avancer. L’objet qui causait sa frayeur était un vieux tronc d’arbre, cadavre végétal, dont les branches nues et tortueuses formaient sur le sol un jeu d’ombre bien capable d’épouvanter un animal plus courageux. Le moine, après l’avoir inutilement aiguillonnée, allait lui faire prendre un détour pour dépasser l’arbre malencontreux, lorsque l’air lui apporta quelques sons étrangers à la voix du vent et ressemblant à de sourds gémissemens humains. Le voyageur descendit alors au plu-