Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/47

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magique s’ouvre toutes les portes, passe tous les seuils, celui du pâtre comme celui du prince ! Le Temps ! qui, d’un seul pas, franchissant toute une existence, pose un pied sur un berceau d’enfant, l’autre sur une tombe de vieillard !

Et l’on se dit :

Lorsque l’hiver en finissant aura désuni ces groupes joyeux, cette chaîne défaite ne perdra-t-elle aucun de ses anneaux ? Peut-être un souffle du printemps, le même qui aura donné la vie à des roses, effeuillera quelques-unes de ces fleurs humaines, si fraîches, si brillantes aujourd’hui, si parfumées d’espérance et d’amour, et demain peut-être, languissantes, fanées, tombées sur le sol, entrouvert pour dévorer leurs débris. — Compensation funeste, nature avare, que de roses du monde tu prends en échange des fleurs que lu donnes à la terre ! N’est-ce donc qu’à hauts intérêts que tu sais prêter l’existence ?

Il est bien rare que cette triste image de