Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/49

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Et ne croyez pas qu’il y ait exagération ou démence à pressentir de telles choses ; non : il y a un trop grand point de ressemblance entre le passé et l’avenir, pour ne pas confondre, à l’égard des deux, la crainte et le regret. — Combien de fois n’en a-t-on pas vu de ces changemens terribles, de ces métamorphoses épouvantablement rapides ! La main de la fortune retourne parfois l’échelle avec tant de prestesse, la chute est si prompte, qu’on est tout étonné, en abaissant les yeux, de rencontrer au niveau du sol ceux qu’on venait de voir montés sur le degré le plus élevé. Combien aussi n’a-t-on pas vu souvent s’opérer avec autant de vitesse d’autres métamorphoses plus effrayantes !

Combien de fois, l’être naguère pur encore, rêvant un beau songe de vertu, entraîné par l’exemple, la tentation, la misère ou le besoin de sa nature, avili, dégradé, flétri par sa conscience ou par la loi, s’est-il réveillé traînant au pied le boulet du bagne, ou faisant