Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/78

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cette pensée, son sang bouillonnait dans ses veines, son cœur frappait sa poitrine à coups précipités, son pouls battait dans ses artères à larges pulsations ! Une femme ! il en avait une comme idole d’amitié, sa mère ; mais c’en était une comme idole d’amour qu’il rêvait sans sommeil, qu’il appelait sans parole, qu’il attendait, quelle qu’elle fût !

Car son imagination ne s’était pas créé une forme idéale modelée sur ses goûts, un ange à lui, non ! Ce qu’il demandait : c’était un être à aimer de passion ardente, exclusive ; il n’était pas d’avance arrêté par décision si ce serait un esprit aux yeux noirs, ou une âme aux yeux bleus, et quand il la vit pour la première fois, il ne crut pas la reconnaître, il ne se douta pas que ce fût elle.

Elle venait de perdre son père, ancien ami de M. Dérigny ; celui-ci, choisi pour son tuteur, l’avait fait venir auprès de sa femme.

Louise avait dix-huit ans. À son épaisse et longue chevelure d’ébène, à son teint brun