Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/79

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et coloré, à ses yeux noirs et brûlans, on eût dit une fille d’Espagne, une piquante et vive Andalouse. Chez elle, toute émotion ne pouvait exister qu’à l’extrême, toute pensée touchait à l’exaltation ; et elle avait dix-huit ans, et n’avait point encore aimé d’amour !

En voyant Arthur, elle ne se douta pas non plus que ce fût lui : aucun pressentiment ne vint l’avertir qu’il était trouvé.

Ce ne fut que plus tard, lorsque l’intimité les eut amenés à une profession de foi, qu’ils se reconnurent, qu’ils s’aimèrent.

Il faut bien le dire : toute passion, pour être grande et forte, se compose moitié d’illusions, moitié de réalité ; et ce n’est guère que la première fois qu’on les éprouve ainsi faites.

L’illusion s’use vite, le cœur en est prodigue et la dépense avec une effrayante vitesse ; quand elle est toute dissipée, c’est à peine si le sentiment amoindri, occupe, chétif, une étroite place dans l’âme qu’il remplissait à lui seul. Lorsqu’on en est réduit à n’avoir plus que la réalité, lorsque, joueur