Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/86

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les lèvres, jeta dessus un regard machinal. Il poussa un cri, laissa tomber le flacon d’éther qu’il tenait ; le mouchoir s’échappa de ses mains… il était taché de sang !

— « Oh ! ma mère ! s’écria-t-il, ma mère ! voyez-vous ? du sang ! mon Dieu ! veillez sur elle… je reviens. »

Et il s’élança avec violence hors de l’appartement ; ses pas dévoraient l’espace. Il rentra bientôt suivi d’un médecin. Il était temps, le sang venait à flots, une profonde saignée le rappela vers les veines. Le lendemain, Louise se trouva mieux ; mais Arthur avait reçu au cœur un coup terrible.

Il faut avoir vu mourir un être aimé, et aimé d’amour ; il faut avoir veillé, assis près de son lit de douleur, avoir senti la vie s’échapper, soupir à soupir, d’un sein adoré, et la mort s’approcher comme aspirée dans chaque haleine, pour comprendre ce qu’est à la pensée une première crainte de mort, surtout lorsqu’étourdi par le bonheur, on