Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/87

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avait cru jusqu’alors à une éternité d’existence et d’amour.

Et quand on étouffe le besoin de pleurer, et que le salut même de l’objet aimé vous contraint à rester les yeux secs, à renvoyer vers le cœur des larmes acres, brûlantes, s’aigrissant encore à retourner vers lui… c’est horrible ; c’est un supplice atroce que de grimacer l’espérance, quand le désespoir est dans l’âme. Arthur le souffrait. Louise ignorait son sort ; elle eût pu l’apprendre d’une larme, d’un soupir de son amant ; le lui révéler, c’eût été la tâche d’un bourreau.

Le mieux qu’elle éprouvait n’était qu’une légère absence de son mal. Le mal revint et fit de rapides progrès ; cependant rien ne le trahissait aux yeux ; on ne voyait pas au front paisible et gai de la jeune fille qu’elle était marquée pour mourir ; toujours fraîche et jolie, c’était une plante, belle de tige, que le ver rongeait à la racine.

On ordonna l’air des champs ; madame Dérigny la ramena à la maison de campagne