Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/98

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La mort avançait, sa course était rapide et ses pas près du but.

Plus elle s’approchait, plus la jeune fille qu’elle venait prendre se sentait de courage pour la recevoir. On eût dit que le mal, qui la ployait sous son fardeau, reportait à l’esprit tout ce qu’il ôtait de force au corps. L’or de son âme s’épurait au creuset de la souffrance. La mort produit souvent aux yeux de la pensée un effet tout opposé à celui de la perspective ordinaire ; le lointain la grandit ; elle diminue comme la distance entre elle et l’objet qu’elle attire à soi ; et quand le choc arrive, le fantôme géant n’est plus qu’un nain, contre lequel on se heurte, on se brise, sans le voir.

Mais toujours le chant du cygne du poétique et mélodieux Millevoie, résonnait au souvenir de Louise. Ses yeux agrandis par l’amaigrissement de ses traits attachaient des regards inquiets, âcrement douloureux, sur les arbres dont les feuilles jaunissantes, épuisées de sève, tombaient à bruit léger,