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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/120

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CHAPITRE XIX.

Le Temple.


Nous tournâmes le coin d’une rue, & j’apperçus au milieu d’une belle place un temple en forme de rotonde, couronné d’un dôme magnifique. Cet édifice soutenu sur un seul rang de colonnes avoit quatre grands portails. Sur chaque fronton on lisoit cette inscription : Temple de Dieu. Le tems avoit déja imprimé une teinte vénérable à ses murailles ; elles en avoient plus de majesté. Arrivé à la porte du temple, quel fut mon étonnement lorsque je lus dans un tableau ces quatre vers tracés en gros caractères :

Loin de rien décider sur cet Être Suprême,
Gardons, en l’adorant, un silence profond,
Sa nature est immense & l’esprit s’y confond,
Pour savoir ce qu’il est, il faut être lui-même.

Oh ! pour le coup, lui dis-je à voix basse, vous ne direz pas que ceci soit de votre siécle. — Cela ne fait pas plus l’éloge du votre, reprit-il, car vos théologiens devoient s’en tenir-là. Mais cette réponse qui semble avoir été faite par Dieu même, est restée con-