Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/162

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mais elle a eu pitié de vous, & vous a pardonné, parce que vous ne saviez ce que vous faisiez. Que l’erreur est prolifique !

Il est une profession commune à presque tous les citoyens, c’est l’agriculture, prise dans un sens universel. Les femmes, comme plus foibles & destinées aux soins purement domestiques, ne travaillent jamais à la terre ; leurs mains filent la laine, le lin, etc. Les hommes rougiroient de les charger de quelque métier pénible.

Trois choses sont spécialement en honneur parmi nous ; faire un enfant, ensemencer un champ, & bâtir une maison. Aussi les travaux des campagnes sont modérés. On ne voit point de manouvriers se fatiguer dès l’aurore pour ne se reposer qu’a-

    du pain a été le thermomètre des autres alimens, & le particulier s’est trouvé moins riche de moitié. Cette loi donc n’a été qu’un voile décevant pour exercer légalement les plus horribles monopoles ; on l’a tournée contre la patrie, dont elle devoit faire la splendeur. Gémissez, écrivains ! & quoique vous ayez suivi les mouvemens généreux d’un cœur vraiment patriotique, sentez combien il a été dangereux de ne pas connoître votre siécle & les hommes, & de leur avoir présenté un bienfait qu’ils ont changé en poison ; c’est à vous présentement de soulager le malade dans la cure qui le tue, de lui indiquer le remède, & de le sauver, s’il vous est possible : hic labor, hoc opus.