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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/234

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CHAPITRE XXX.

L’Académie Françoise.


Nous nous acheminâmes vers l’académie françoise : elle avoit conservé son nom ; mais que sa situation étoit différente ! que le lieu où elle tenoit ses assemblées étoit changé ! Elle n’habitoit plus le palais des rois. Ô révolution étonnante des âges ! un pape s’est assis à la place des césars ! L’ignorance & la superstition ont habité Athènes ! Les beaux arts ont volé en Russie ! Auroit-on cru de mon tems que ce mont autrefois tant ridiculisé pour avoir laissé remarquer sur son sommet quelques ânes paissant des chardons, étoit devenu la fidèle image du Parnasse antique, le séjour du génie, la demeure des fameux écrivains ? Aussi avoit-on aboli le nom de Montmartre, mais par pure complaisance pour les préjugés reçus.

Ce lieu auguste, ombragé de toutes parts de bois vénérables, étoit consacré à la solitude. Une loi expresse défendoit qu’on frappât l’air aux environs d’aucun bruit discordant. Les carrières de plâtre étoient taries. La terre avoit enfanté de nouveaux lits de pierre pour servir de fondemens à ce noble asyle. Cette montagne, favorisée des plus doux