Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/262

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bres fruitiers qui réjouissent la vue, qui embaument l’odorat, & qui remplacent le tilleul, le stéril maronier & l’orme rabougri. Nous entons & nous greffons nos arbres sauvages, afin que nos travaux répondent à l’heureuse libéralité de la nature, qui n’attend que la main du maître à qui le créateur l’a, pour ainsi dire, soumise.

Nous avons de vastes ménageries pour toutes sortes d’animaux. Nous avons rencontré dans le fond des déserts des especes qui vous étoient absolument inconnues. Nous mêlangeons les races pour en voir les différens résultats. Nous avons fait des découvertes extraordinaires & très-utiles, & l’espece est devenue plus grosse & plus grande du double ; nous avons enfin remarqué que les peines que l’on se donne avec la nature sont rarement infructueuses.

Aussi avons-nous retrouvé plusieurs secrets qui étoient perdus pour vous, parce que vous ne vous donniez pas même la peine de les chercher ; vous étiez plus amoureux d’entasser des mots dans des livres que de ressusciter à force de main d’œuvre des inventions merveilleuses. Nous possédons aujourd’hui, comme les anciens, le verre malléable, les pierres spéculaires, la pourpre tyrrhienne qui teignoit les vêtemens des empereurs, le miroir d’Archimede, l’art des embaumemens des Égyptiens, les machines qui dresserent leurs obélisques, la matiere