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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/284

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mes, qui enrôloient les uns de force, & emportoient le lit & la marmite des autres[1].

Le caractère des nations étoit aussi fidélement exprimé.

Aux couleurs variées de mille nuances, à la fonte insensible du coloris, au visage triste, mélancolique, on reconnoissoit l’Italien jaloux, vindicatif. Dans le même tableau son visage sérieux disparoissoit au milieu d’un concert, & le peintre avoit saisi merveilleusement cette facilité de se transformer avec souplesse, & comme d’un coup d’œil. Le fond du tableau représentoit des pantomimes, faisant des grimaces & autres gestes comiques.

L’Anglois, dans une attitude plutôt fiere que majestueuse, placé sur la pointe d’un rocher, dominoit l’océan & faisoit signe à un

  1. La tyrannie est un arbre dangereux qu’il faut se hâter de déraciner dans sa naissance. L’éclat de cet arbre est trompeur. C’est d’abord un jeune arbrisseau qui se couronne de fleurs & de lauriers, mais qui boit secrettement le sang qui l’arrose. Bientôt il croît, s’aggrandit, lève une tête altiere. Ses branches s’étendent avec orgueil. Il couvre tout ce qui l’environne d’une ombre superbe & funeste. La fleur, le fruit voisin tombent, privés des rayons biensaifans du soleil qu’il intercepte. Il force la terre à ne nourrir que lui. Enfin il devient semblable à cet arbre venimeux dont les fruits doux sont des poisons, qui