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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/32

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L’AN DEUX MILLE

croire chez un frippier, car il ne parloit point d’honneur & de conscience, & son magazin étoit fort clair.


CHAPITRE IV.

Les porte-faix.


Mon guide se rendoit chaque instant plus affable. Il paya la dépense que j’avois faite chez le frippier, elle se montoit à un louis de notre monnoye que je tirai de ma poche. Le marchand se promit de le garder comme une pièce antique. On payoit comptant dans chaque boutique, & ce peuple, ami d’une probité scrupuleuse, ne connoissoit point ce mot crédit, qui d’un côté ou de l’autre servoit de voile à une industrieuse friponnerie. L’art de faire des dettes & de ne les point payer n’étoit plus la science des gens du beau monde[1].

  1. Charles VII Roi de France, se trouvant à Bourges, se fit faire une paire de bottes ; mais comme on les lui essayoit, l’Intendant entra & dit au bottier : remportez votre marchandise, nous ne pourrions vous payer ces bottes de quelque tems, Sa Majesté peut encore aller un mois avec les vieilles. Le Roi approuva l’Intendant, & il méritoit d’avoir