Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/362

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Tout ce qui tient au faste, à l’ostentation, à la vanité, à ce désir puéril de posséder exclusivement une chose de pure fantaisie, est sévérement proscrit. On jette à la mer ces diamans perfides, ces perles dangereuses, & toutes ces pierres bigarrées qui rendent les cœurs durs comme elles. Vous pensiez être très-ingénieux dans les rafinemens de votre mollesse : mais sachez que vous n’avez donné que dans le superflu, dans l’ombre de la grandeur ; que vous n’étiez pas même voluptueux. Vos inventions futiles & misérables se bornoient à la jouissance d’un seul jour. Vous n’étiez que des enfans amoureux d’objets brillantés, incapables de satisfaire à vos vrais besoins, ignorant l’art d’être heureux, vous tourmentant loin du but, & prenant à chaque pas l’image pour la réalité.

Si nos vaisseaux sortent de nos ports, ils ne promènent point le tonnerre pour saisir, sur la vaste étendue des eaux, une proie fugitive & qui forme à peine un point perceptible à la vue. L’écho des mers ne porte point au ciel les cris lamentables des furieux insensés qui se disputent la vie & le passage sur des plaines immenses & désertes. Nous visitons les nations éloignées : mais au lieu des productions de leurs terres, nous saisissons des découvertes plus utiles, dans leur législation, dans leur vie physique, dans leurs mœurs. Nos vaisseaux servent à lier nos connoissances astronomiques. Plus